Le 25 mars 2020, à 12h00
L’Union Régionale dénonce des décisions de l’Etat déconnectées de la réalité :
OUI au confinement, NON à la mise en danger de la santé des patients et à l’engorgement des urgences !
Les Médecins Libéraux représentés par l’URPS MLB soutiennent la stratégie de confinement mise en place par le Gouvernement, qui est essentielle pour ralentir la propagation de l’épidémie.
Pour autant, quel n’a pas été leur effarement, leur colère de découvrir que de nouvelles restrictions viseraient désormais les déplacements de toute personne, pour « motifs de santé » ? (communication du Premier Ministre du 23 mars 2020 au soir)
Cette décision sans concertation, et la communication désastreuse à ce propos, brouillent les messages. Les Médecins Libéraux généralistes et spécialistes expriment leur plus vive inquiétude, et craignent qu’une partie de la population se retrouve en déshérence, renonçant à des soins.
Patients, votre santé est précieuse : gardez le réflexe d’appeler votre médecin au quotidien
Les patients doivent continuer à solliciter un avis médical sur leurs symptômes via une consultation, sans attendre la moindre aggravation. Cela contribue à limiter les pertes de chances et à sauver des vies.
La téléconsultation est un outil mais sûrement pas la solution universelle.
Comment le patient saura-t-il si l’examen de ses symptômes peut attendre la sortie de crise ? Comment assurer le suivi de ceux ayant des pathologies instables nécessitant un examen clinique ? Qu’en est-il des patients ayant des fragilités psychiatriques ? Ou encore des accidents domestiques en hausse ? Et quid du justificatif requis lors des contrôles par les forces de l’ordre ? La médecine de ville doit-elle se mettre à produire des attestations de rendez-vous ? Les patients doivent-ils consulter avec la peur au ventre ?
La réponse à toutes ces questions serait-elle de ne plus se tourner vers son médecin ? Mais d’attendre, quitte à recourir aux urgences en dernier recours, ou quitte à ce que, tant pis… il soit trop tard. Ces décisions sont totalement inadmissibles pour nos patients et pour les professionnels de santé de ville.
C’est pourquoi les médecins recommandent à leurs patients de garder le réflexe de les appeler : la meilleure conduite à tenir sera alors envisagée, conformément aux contraintes réglementaires (report de la consultation, téléconsultation, venue au cabinet).
De ce fait, les Médecins Libéraux invitent leurs patients à ne pas céder à la psychose, et à ne surtout pas mettre en danger leur santé ou celle de leurs proches, en ne sollicitant pas leur médecin lorsque c’est nécessaire.
Le suivi médical de nos patients ne peut se limiter au Coronavirus. Il ne faut surtout pas laisser penser qu’une partie de la population doive renoncer aux soins légitimes dont elle a besoin.
Des cabinets médicaux sur le pied de guerre, pour soigner au mieux les patients
Les pouvoirs publics sont-ils conscients que des médecins libéraux meurent ou tombent malades et qu’ils ne peuvent plus assurer les soins à la population ? Ce déni de réalité affiché vis-à-vis des soignants libéraux en première ligne ne peut que démobiliser les médecins libéraux.
Les Médecins Libéraux de ville, en concertation avec les partenaires locaux, travaillent activement à la structuration de modes de prise en charge des patients dans des cabinets médicaux organisés (double flux, etc.) ou dans des centres ambulatoires dédiés au Covid-19, répartis sur l’ensemble du territoire breton. Nous avons besoin d’un soutien plus massif de l’Etat pour faire face à cette crise et nous ne sommes pas entendus !
Les Médecins Libéraux exerçant dans des établissements privés sont également prêts, et demandent à être associés à part entière, aux côtés des centres hospitaliers de référence et de la médecine de ville, à la coordination des soins Covid-19. Ils s’insurgent, du manque d’association de leurs structures dans les protocoles de prise en charge des patients symptomatiques ou diagnostiqués Covid-19, et en particulier du manque de dépistage massif.
Les établissements privés et les laboratoires de ville ont leur rôle à jouer pour soutenir les médecins généralistes, et éviter l’engorgement des centres de référence. Ainsi, toutes les forces vives médicales doivent être pleinement intégrées et dotées de moyens pour lutter contre cette épidémie. Or, malgré leurs initiatives et leur implication, les Médecins Libéraux Bretons ne peuvent que constater avec inquiétude que ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Les Médecins Libéraux s’organisent pour prendre en charge les patients Covid-19, mais il leur manque encore l’essentiel : les protections pour les soignants (SHA, masques, surblouses, charlottes, lunettes ou visières). L’épidémie n’est pas encore à son pic chez nous en Bretagne. Mais dans les prochains jours, si tous les soignants n’ont pas les protections nécessaires à ce type de prise en charge, nous les engageons, et en informons l’Etat, à se mettre en retrait et à renvoyer les patients vers les hôpitaux, au risque d’une saturation.
Dr Nikan MOHTADI
Président de l’URPS Médecins Libéraux de Bretagne
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